DE PROFESSIONNELLE DE SEXE AU MÉTIER DE COUTURIÈRE

20 Juin
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DE PROFESSIONNELLE DE SEXE AU MÉTIER DE COUTURIÈRE

La réinsertion socioéconomique des professionnelles de sexe issues des carrés miniers est une approche salutaire pour des filles ayant été contraintes, suite aux conditions économiques précaires de leurs familles, d’aller se prostituer afin de parvenir à répondre aux besoins vitaux primaires. Nadine Yvette [Nom d’emprunt] est une ancienne professionnelle de sexe, devenue couturière grâce à la formation qui lui a été dispensée après avoir été récupérée de mines d’or à Luhwinja par APEF (un partenaire d’exécution de la Fondation Panzi, dans la chefferie de Luihwinja, en territoire de Mwenga).
La vie de professionnelle de sexe dans les carrés miniers est désormais derrière Nadine car, de manière propre, elle peut désormais gagner sa vie grâce à la formation en métier, et son kit réinsertion, qu’elle a reçu de la Fondation Panzi. Elle compte désormais refaire sa vie à zéro et construire sur des bonnes bases.
Après avoir suivi la formation en coupe et couture, et reçu un kit pour son autonomisation, Nadine se sent confortablement dans la peau de ses rêves et espère pouvoir rapidement conquérir le marché.
« Maintenant, je sais coudre tous les styles et je suis vraiment très satisfaite. C’est un métier que j’ai toujours rêvé faire mais je n’avais pas de moyens. Même quand je vivais encore dans les carrés miniers, je me demandais toujours comment accéder à cet apprentissage et surtout que je venais de constater que la population de Luhwindja avait déjà pris l’habitude d’expédier les étoffes à Bukavu pour la confection car ici, il y a très peu de couturiers.

A la fin de la formation nous avons été réunis dans les ateliers où nous travaillons. Ce travail nous permet de gagner un peu d’argent. Aujourd’hui, un homme peut m’aimer parce qu’il réalise que je suis productive et que je maitrise un métier. Il peut même décider d’en arriver au mariage car je ne serai pas seulement une charge pour lui mais aussi une source de revenus ».

Nadine Yvette, qui est-elle réellement ?

Cette jeune dame, née à Burhinyi (une chefferie voisine), est venue s’installer à Luhwinja en 2012 fuyant la recrudescence des conflits armés, et des viols qui se commettaient à l’égard des femmes, dans sa contrée de provenance. Arrivée avec sa famille à Luhwinja, Nadine a de prime abord choisi de faire du petit commerce dans la cité pour aider sa famille, mais elle ne s’en sortira pas suite à un contexte socioéconomique défavorable aux moins forts financièrement.

Nadine Yvette prendra malgré elle la décision d’aller tenter son business dans les carrés miniers ; décision qui transformera tout un tas d’espoir à un avenir cauchemardesque qu’elle regrette toujours.
Partie pour le petit commerce, Nadine finira comme professionnelle de sexe dans un environnement hostile au respect des principes de dignité humaine.

Pendant son séjour dans les mines d’or, Nadine Yvette a eu à coucher avec des inconnus (dont elle ne savait rien au sujet de l’état sérologique) pour avoir un peu de sous afin de ravitailler sa famille. Malheureusement, le sort de Nadine fut même plus amer qu’elle n’avait pas imaginé car souvent ses partenaires occasionnels l’exploitaient sans honorer la convention qu’ils ont prises.
« Un jour j’ai eu un appel en provenance de ma famille, elle manquait à manger. Encore une fois un inconnu m’a proposé de coucher avec lui. Le moment est mal tombé avec la situation de ma famille pour que je me sente obligée de le faire. Nous nous étions convenus pour 50$ pour une période d’un mois mais après l’acte le monsieur ne m’a tendu qu’une somme de 10$, ce qui m’a entièrement choquée… », se rappelle-t-elle.

Pour Nadine Yvette, la vie dans les carrés miniers était devenue tellement insupportable qu’elle cherchait à tout pris un moyen pour en sortir et l’appel d’APEF lui est apparu comme de la manne.
Pour l’instant Yvette est une femme forte, et fière d’elle-même, au pont qu’elle n’envie plus la vie dans les mines d’or où elle témoigne avoir été victime des « abus sexuels » intempestifs. Cependant, elle reste inquiète pour ses amies qui sont restées dans les carrés miniers, bien qu’ayant l’envie d’en sortir.
« C’est vrai que je suis à présent importante dans la société et j’en suis fière car je ne suis plus victime d’abus sexuels. Seulement, là où j’étais il y a encore beaucoup d’amies qui continuent à souffrir là-bas car le projet ne les a pas retenues pour l’apprentissage. Je voudrai qu’elles aient la même chance que moi ».
Le projet de réinsertion socioéconomique des Enfants et des professionnelles de sexe vivant dans les mines artisanales dans le territoire de Mwenga a été mis en place depuis 2016. Il récupère des jeunes filles et des jeunes garçons exploités dans des mines, soit comme professionnelles de sexes ou pour des travaux lourds. Grâce à l’appui financier de l’Union Européenne, ces adolescents sont récupérés et inscrits dans des centres de formation en métiers ou dans des centres de rattrapage scolaire (CRS), selon leur âge.

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