KADJUCU, LE VILLAGE FANTOME EN ACTION

20 Mar
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KADJUCU, LE VILLAGE FANTOME EN ACTION

« Non à l’impunité et à la justice populaire. Oui à la justice et au respect des droits de l’Homme » scandaient les élèves de Kadjucu.

Ce petit village du Sud-Kivu, dans le territoire de Kabare, est la cible de hors-la-loi depuis quelque temps.
Des cas d’enlèvements, de tueries et de mutilations d’organes génitaux sont commis sur des enfants, principalement des filles âgées de plus ou moins 10 ans. A la suite de ces atrocités la population désemparée se livre à des règlements de compte pour faire sa propre justice populaire, une façon pour les villageois de riposter contre les présumés auteurs de ces actes ignobles.

Signalons qu’en moins de trois mois, depuis décembre 2018, onze cas d’assassinats, se passant dans les mêmes circonstances, ont été repertoriés dans le Territoire de Kabare avec une forte concentration dans la zone de santé de Katana, principalement dans l’axe Ihimbi – Kabamba – Kadjucu avec un pic tout particulier à Kadjucu. Selon le responsable de la Nouvelle Dynamique de la Société civile, Monsieur Bahati Muhubiri, le 18 décembre dernier une fille de 11 ans a été retrouvée étranglée et amputée de ses organes génitaux à près de 2 km de sa maison familiale. Une vive émotion s’est emparée du village, en particulier parmi les femmes.

C’est suite à ce cas dramatique que le Dr Mukwege a initié l’organisation d’une tribune d’expression populaire à Kadjucu/Katana.
A travers son projet Tushinde Ujeuri, la Fondation Panzi a organisé cet échange ouvert et radiodiffusé entre la population de Kandjucu/Katana et les différents responsables locaux (politico-administratifs, coutumiers, religieux, membres de la société civile, policiers, militaires, services de sécurité, organisations non gouvernementales des Droits Humains, etc.) de cette contrée.
« Dans le cadre de notre programme de prise en charge holistique des survivantes de violences sexuelles mis en place par le Dr Mukwege, nous avons trouvé urgent d’échanger avec cette communauté », a précisé le Dr Christine Amisi, Secrétaire Exécutive de la Fondation Panzi, présente pendant l’échange.« Nous disons non à l’indifférence » a-t-elle insisté.

Un débat sur la question de l’insécurité liée à la commission de graves violations de droits humains, dont les enfants-filles, s’est ouvert.

Des femmes, des jeunes, des hommes, des membres de la société civile et d’autres personnes se sont exprimées, fustigeant le dysfonctionnement de la justice, la libération des auteurs présumés d’actes de kidnapping avec meurtre suivi de mutilation de cadavres de petites filles dans leurs quartiers: « Aux autorités judiciaires, nous demandons d’éviter la corruption sous toutes ses formes et de renoncer à l’injustice », a demandé Monsieur Muhubiri.
Les réclamations concrètes et précises des habitants de Kadjucu ont fait parler les dirigeants locaux jusqu’au représentant de l’administrateur du Territoire de Kabare, les responsables de sécurité n’ayant pas été épargné.
Le pProcureur de la République auprès du Tribunal de Paix de Kavumu, Monsieur Willy Mbayi, s’est insurgé contre la justice populaire et s’est exprimé par rapport à la proposition de loi sur les infractions graves de meurtre, de mutilation de cadavre, d’anthropophagie et de commerce d’organes humains.

Plus de 400 personnes intéressés par l’activité ont suivi les échanges avec beaucoup d’intérêt.
Les participants ont demandé au responsable du territoire de mettre fin aux conflits de leadership qui sévissent dans le village et qui pourraient être la source des problèmes actuels de tueries à Kadjucu.
Les habitants de Kadjucu ont accepté de s’organiser en petits groupes afin de dévoiler leurs impressions aux avocats et juristes de la Fondation Panzi.

Tout en remerciant le Dr Mukwege, les différents intervenants ont insisté pour que justice soit rendue aux victimes en instruisant d’abord les dossiers de toutes les personnes soupçonnées afin d’en démanteler le réseau potentiel de Kadjucu.

« Seule la lutte contre l’impunité peut briser la spirale de la violence » (Dr Denis Mukwege)

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