Ushindi

Le Projet USHINDI. 

But :

Vaincre les violences sexuelles et basées sur le genre à l’Est de la RDCFinancement: USAID via IMA World Health, de juillet 2010 – juillet 2017.  “USHINDI” est un concept swahili – langue parlée à l’Est de la RDC – qui signifie « VICTOIRE » en français. Le projet ainsi nommé a pris naissance vers l’année 2010 dans un environnement de « post-conflit » à l’Est de la RDC.

Il s’est agi d’un contexte de paix apparente, si pas relative, où malgré le silence des armes, les violences sexuelles et basées sur les genre y compris d’autres actes de violation des droits humains résultant des guerres des décennies précédentes et à répétition devenaient de plus en plus manifestes dans les communautés. Non seulement que les victimes de viol et d’autres atrocités subis pendant les guerres manifestaient des besoins criant et non répondus en service, mais aussi leurs bourreaux continuaient à circuler dans l’impunité en même temps que les pratiques de violences semblaient s’enraciner dans les pratiques culturelles locales, au sein des communautés moins résilientes et sans appui ni protection, dans le triste souvenir des atrocités vécues des récents conflits.

Les actes des VSBG et autres abus perpétrés en temps de conflit par les hommes en arme ont gagné le camp des personnes civiles, même dans le contexte de paix : le nombre de cas de viol allait croissant, le besoin en service et en prévention se faisant sentir dans toute la région.

 

HISTOIRES DE SUCCÈS.

Compétences d’affaires développées chez les membres VSLA (cas de « LTLKT7 ») et attraction communautaire par les actions VSLA à Kitutu.

Âgée de 32 ans en 2010  et mère de deux enfants, Mme LTLKT7 est surprise par les FDLR alors qu’elle était au champ avec son mari. Ceux-ci l’ont enlevée pendant une semaine, en esclavage sexuel dans la forêt ; soumettant son mari à des tortures morales et physiques inouïes.

 

LTLKT7, au milieu, en pleine opérations avec deux autres femmes responsables de leur VSLA

A leur libération, le mari s’estimait indigne devant sa femme et la vie conjugale devenait fort affectée, comme l’a déclaré LTLKT7 : « il n’arrivait plus à s’accepter comme un  mari vu le traitement cruel qu’il m’a vu subir dans sa présence impuissante pour me protéger en tant que homme. Comme moi, il en souffrait des souvenirs plus douloureux  que les souffrances physiques qu’il avait subies. Il en est mort quelques temps après, me laissant avec les deux orphelins et en conflit avec sa famille qui m’imputait la responsabilité de son décès ».

Alors, les biens lui ont été ravis, négligée et abandonnée de tous, elle restait troublée des remords, en souffrances et sans recours.

 

Alors, LTLKT7 est récupérée dans les services du psychosocial et du médical au projet Ushindi. Après rétablissement, elle est intégrée dans l’AVEC MTU’UNGI de l’aire de santé Busakizi, à Kitutu, où elle vient de terminer le cinquième cycle de 12 mois d’opérations économiques avec les autres membres.

Echantillon de l’élevage de chèvres que Madame LTLKT1 a initié sur fonds VSLA.

« Alors que je croyais avoir tout perdu, sans espoir du futur, je viens de me retrouver. Faisant membre du groupe VSLA, j’ai eu la considération des autres membres, travaillant ensemble sans aucune discrimination.  J’ai alors compris que le malheur-là n’était qu’une étape, un accident de parcours au-delà duquel la vie ne s’arrêtait pas. J’ai mobilisé des épargnes au sein du groupe, j’ai reçu des crédits par lesquels j’ai initié des activités de commerce et d’élevage. Maintenant, j’ai bâti ma maison sur ma propre parcelle où je peux avoir au moins trois chèvres et autres biens à partir de mes propres efforts », a déclaré madame LTLKT7.

 

« J’ai acquis de bonnes compétences d’affaires qui, avec l’existence des VSLA, me permettront d’aller loin », a-t-elle renchéri.

Pas plus tard que l’année passée, LTLKT7 reçoit la demande de pardon des membres de sa belle-famille. Elle va apprendre que ces derniers avaient été sensibilisés sur le rôle et la responsabilité de la communauté dans la protection et soutien aux personnes victimes des violences sexuelles et basées sur le genre. LTLKT7 dit :

 

« ils doivent avoir reconnu leur tord de ne nous avoir pas porté assistance et protection les jours de notre malheur. Alors, ils m’ont demandé pardon et réconciliation».

Montrant qu’elle devenait très différente de la victime d’atrocités de 2010, elle a confié qu’elle jouissait d’un statut social tout autre après acquisition des compétences d’affaires telles qu’elle l’a déclaré : « maintenant, je mène la vie normale comme tout le monde et je me sens aimée. Je ne suis plus la femme minable de 2010. Je joue valablement mon rôle dans ma famille et dans mon village grâce aux acquis reçus du projet Ushindi».

Ces succès des femmes jadis indigentes comme LTLKT7 attirent les observateurs dans la communauté et les suscitent à se constituer leurs VSLA de manière que l’effectif de groupes ne cesse de croître, passant de 48 initiées par le projet en 2012 à 152 actuellement fonctionnelles dans la zone de Kitutu. Ce qui maintenant est devenu l’expression que la communauté s’est fortement approprié l’action de manière qu’elle a accru les chances et opportunités d’intégration de plus de survivants indigents et des personnes vulnérables.

Une mineure rallie les activistes contre les VSBG à Kitutu.

« IGGMT3 » accueillie dans la MT Ushindi avec sa mère toute embarrassée (gauche) et reçoit les services Ushindi

« IGGMT3 » est une fille de 15 ans, née à BANAKAPONDA, aire de santé de Mwangaza, à Kitutu. Elle est enfant des parents séparés : elle vit avec son père dans le carré minier de Lugushwa où ce dernier a épousé une autre femme, la mère ayant été répudiée dans sa famille avec 3 autres enfants. Dans ce contexte et faute des moyens, « IGGMT3 » avait abandonné les études en cinquième année primaire et dès lors, elle est devenue une voyageuse permanente entre la maison paternelle à Lugushwa et la résidence maternelle à Kitutu, distantes de plus de 70 km, sur un chemin entouré de forêts profondes. 

« IGGMT3 » en partance pour l’hôpital de Panzi, en transport gratuit, à bord du véhicule Ushindi (tête encadrée à droite).

 

Alors qu’elle quittait Lugushwa où vit son père pour rendre visite à sa mère et ses trois petites sœurs, étant seule et en pleine forêt, elle a été interceptée par un incivique adulte qui l’avait forcée à un rapport sexuel après fortes menaces. Alertés par les cris de détresse, deux militaires FARDC en passage vont l’en délivrer avec retard, en mettant la main sur le criminel après avoir commis son forfait.  « Ce sont ces militaires qui m’ont conduite au projet Ushindi et, en même temps, conduit mon bourreau au cachot pour qu’il soit puni de son acte », avait confié la fille. 

A Ushindi, j’ai reçu les soins médicaux gratuits à l’hôpital de Kitutu puis, par un transport gratuit, à l’hôpital de Panzi. Ensuite, j’ai eu l’accompagnement légal au près du tribunal et le soutien par le club d’enfants.

Ce qui m’a beaucoup réjouie le cœur c’est quand j’ai vu me présenter mon bourreau en menottes, tremblant aussi devantle procureur de Kamituga comme je l’avais été devant lui dans la forêt de l’incident. Oui ! Le fort du jour du forfait était devenu le faible du jour de confrontation avec moi, en présence de mon avocat », a laissé entendre « IGGMT3 » en riant.

Bourreau de « IGGMT3 » en état de faiblesse et dans les menottes des militaires FARDC.

« Ce problème avait aggravé la situation de ma famille. Mes parents, en séparation, avaient difficile à prendre une position commune face à ma situation. Jusqu’à maintenant, je n’ai pas vu ni entendu une quelconque implication de mon père. Au contraire, cet incident l’a davantage éloigné de ma mère. Et c’est là que j’ai compris l’importance du projet Ushindi. Il a joué le rôle de ma prise en charge et, en même temps, il a été un appui à ma pauvre mère tourmentée par ma situation. L’aide du projet a beaucoup affecté ma vie. Il continue à m’assurer la sécurité physique comme l’auteur continue à croupir en prison », s’est finalement exclamée « IGGMT3 » avec satisfaction.

« IGGMT3 » en manifestations de la compagne Ushindi à l’occasion de la JIF 2017.

« Maintenant, le relèvement obtenu me procure un sentiment de joie, lorsque je réalise qu’après avoir vécu un incident aussi malheureux comme celui-là,  ma vie ne s’est pas arrêtée.  Je reste rassurée que tous les obstacles sont déjà écartés bien que le projet n’ait pas appuyé mes études que je désire encore ardemment. J’aime le projet USHINDI. C’est ce qui fait que j’ai intégré les clubs d’enfants pour soutenir les autres en détresse et les orienter vers les services du projet », a-t-elle renchéri.

Présentement, « IGGMT3 » est devenue une activiste contre les VSBG à travers les clubs d’enfants et dans le milieu. Elle était en tête de ligne dans la campagne organisée par le projet Ushindi contre les VSBG, à l’occasion des manifestations de la JIF à Kitutu. Aussi satisfaite, sa mère reste pourtant sur la soif de voir aboutir le dossier du bourreau jusqu’à l’indemnisation de sa fille.

Accès de Wabiwa Menga à l’héritage, un droit jusque-là méconnu à l’enfant de sexe féminin dans la tradition.

Madame WABIWA MENGA  est âgée de 35 ans, mère de 4 enfants de moins de dix ans dont 2 filles et 2 garçons, originaire de Byonga et réside dans la localité LUBEMBA, avant d’atteindre  Kakolokelwa, à Kitutu. Depuis plus de trois ans, chef de ménage, abandonné par son mari et sans aucun autre soutien, elle vit de petit commerce et des champs.

Après avoir été victime d’un vol de tous ses biens, Madame WABIWA MENGA restait sans capitale pour son petit commerce. Comme le malheur ne vient jamais seul,  son frère héritier lui interdit l’accès aux champs et aux autres biens laissés par leur défunt père, prétextant qu’elle n’en avait pas ce droit à l’héritage. 

« Parce que née femme, il m’a été interdit de fouler mes pieds dans les champs laissés par les parents. J’étais obligée de quitter la parcelle et aller me débrouiller ailleurs car j’étais femme car, selon mon frère, c’était un impératif que je trouve un autre mari afin qu’il profite de la dot qui serait remise », a dit madame WABIWA MENGA.

Mme Wabiwa et son frère suivent le conseil de l’avocat sur le droit à la succession conformément à la loi congolaise.

Alors, après avoir longtemps vécu cet état difficile de « dénis de ressources », avec d’énormes peines à satisfaire les besoins alimentaires de son ménage, elle avait pris l’option de demander l’assistance au projet Ushindi pour la départager avec son frère.

Mr Wisungata, son frère, n’était que dans l’ignorance, embarqué dans la tradition qui ne reconnaissait pas l’accès des enfants-filles à l’héritage.

Chez elle avec ses enfants, Madame Wabiwa ne cache pas sa satisfaction au psychologue du projet Ushindi en suivi à domicile.

Après conseil légal portant aux droits des enfants en matière de succession par le projet Ushindi, il comprit que sa sœur avait égal droit que lui sur les champs, la parcelle et les étangs piscicoles laissés en héritage par leur  père. Alors, il l’a reconnu en se réconciliant avec sa sœur devant l’avocat Ushindi, facilitateur de la médiation. « Pour moi, il s’agit d’un événement inoubliable, ce que le projet USHINDI  a fait sur ma vie. J’ai recouvré mon droit à l’héritage et le conflit avec mon frère avait été dissipé du moment où il a avoué qu’il agissait dans l’ignorance du droit et de la loi », a-t-elle déclaré.

« A Lubemba, dans la chefferie de Wamuzimu, cet événement est devenu pédagogique que le droit à la succession n’est pas seulement donné aux hommes ou aux enfants-garçons », a-t-elle dit au psychologue du projet en visite de suivi à domicile. De-là, Madame Wabiwa est non seulement devenue une référence dans les questions d’héritage au niveau de son village mais aussi, elle jouit de la bonne considération dans sa famille. « Par moi, cette pratique discriminatoire à l’égard de l’enfant-fille est en train d’être brisée », a-t-elle laissé entendre.

A madame Wabiwa de confier que n’eût été le projet Ushindi, elle et ses enfants étaient condamnées par la tradition à une misère sans issue. Tout en reconnaissant que d’autres femmes dans la même situation existent dans sa communauté, elle a clos son témoignage en demandant au projet Ushindi de continuer sur la même lancée, en aidant ces femmes à recouvrer leurs droits et en vulgarisant davantage l’information qui éclaire la connaissance de la communauté en matière des droits humains et de la loi. En même temps, elle se fait l’engagement de les sensibiliser et à les orienter vers ces services aussi longtemps qu’ils seront disponibles dans la zone.