Projet Devco

« Programme d’appui holistique aux survivantes des violences sexuelles et femmes souffrant des pathologies gynécologiques à l’hôpital général de référence de Panzi »

HISTORIQUE

Depuis quelques décennies, la République Démocratique du Congo connait des problèmes des viols dont sont souvent victimes les femmes des différents âges et quelques hommes aussi. C’est ainsi que  l’hôpital de Panzi et la Fondation Panzi apportent  une assistance holistique et intégrée aux survivants des violences sexuelles depuis 1999. Malheureusement les ressources financières demeurent limitées face à une demande d’assistance toujours croissante. Dans le cadre du présent programme, la Fondation Panzi prévoit continuer à apporter l’assistance holistique et intégrée aux survivants des violences sexuelles comprenant entre autres, (a) la prise en charge médicale et psychosociale, (b)  juridique et judiciaire, (c) la réinsertion socioéconomique et (d) des activités de plaidoyer pour un changement de comportement.  En vue de réduire la stigmatisation des survivants des violences sexuelles, d’autres femmes vulnérables souffrant des pathologies gynécologiques spécifiques telles que les fistules et prolapsus seront aussi assistées dans les mêmes conditions.

Ce programme triennal  contribuera principalement à atteindre  progressivement les cibles des ODD 5 « L’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes et des filles », mais il va aussi favoriser  les progrès vers l’obtention de l’Objectif 3 « Permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous à tout âge ».  

Son objectif global  est de  contribuer à l’amélioration des conditions de vie des filles et femmes vulnérables à l’est de la République Démocratique du Congo par un appui holistique. Plus spécifiquement, le programme va permettre aux  femmes et filles vulnérables de l’Est de la RD Congo, d’avoir   accès aux soins holistiques de qualité dans les terrioires d’Uvira (Uvira, Katogota et Luvungi), d’Idjwi, de Shabunda et de Walungu (Kamanyola).

ACTIVITES

Cette présentation retrace les activités appuyées  par l’Union Européenne (DG DEVCO) et  couvre  la période allant du 1er Février 2017 au 31 Janvier 2019, soit 24 mois d’exécution.

         Prise en charge médicale: Pour cette  période sous examen du programme triennal, l’HGR Panzi a reçu 1061 patientes prises en charge, dont 112 patientes souffrant de fistule urogénitale opérées, avec un taux de guérison de 80% ainsi que 949  patientes porteuses de prolapsus génital traitées par chirurgie et guéries à 98%. Le programme a également pris en charge l’hébergement de 289 enfants de moins de 5 ans ayant accompané leurs mères malades et 147 adultes garde malades de ces patientes.

On compte parmi les malades des cas provenant de diverses provinces de la RDC.

 En plus de ces interventions chirurgicales, les malades ont également bénéficié du counseling et de la thérapie de groupe (avec ergothérapie) comme prise en charge psychosociale et du transport aller-retour vers leurs villages.

En plus de l’appui aux réparations chirurgicales des patientes, le budget UE / DEVCO a contribué aux coûts suivants :

.  Il sied également de préciser que le projet prend en charge le salaire et charges connexes de 32 staff médicaux, paramédicaux et d’appoint qui  assurent les soins des patientes admises au sein du service SVS de l’HGR Panzi.

. La contribution  pour l’achat de  nourriture et kits d’hygiène des patientes, ainsi que le transport des malades

. Les médicaments ont été achetés chez ASRAMES tel que prévu dans le projet. Mais pour les produits  manquant chez ASRAMES, le service SVS Panzi s’est approvisionné  auprès de la Pharmacie centrale de la 8e CEPAC (DCMP 8ème CEPAC).

. L’octroi d’un véhicule au service SVS de l’hôpital pour le transport des malades.

         Prise en charge légale: l’accompagnement légal a été réalisé à travers les 3 cliniques juridiques rurales implantées dont les paras juristes qui jouent à la fois le rôle des moniteurs de protection et de relais communautaires.  Les activités s’exécutent  par les avocats, les défenseurs judiciaires et para juristes commis au projet, chacun en ce qui le concerne.

L’assistance juridique se fait à travers les activités de prévention telles que les sensibilisations des communautés sur les droits, la vulgarisation des instruments juridiques nationaux et internationaux relatifs aux droits humains en général et aux droits de la femme en particulier. Elle se réalise aussi à travers les actions de médiation, d’écoute, d’appui-conseils et d’orientation des bénéficiaires vers d’autres services de prise en charge. Les cliniques ont enregistré 328 cas de VSBG dont 138 dossiers de violences sexuelles et 190 cas de violences basées sur le Genre clôturés par des actes de conciliation en faveur de nos bénéficiaires. L’accompagnement judiciaire des SVS  consiste à mettre à la disposition des bénéficiaires une équipe des avocats qui les accompagnent à toutes les phases de la procédure à travers une assistance directe ou une représentation devant les instances judiciaires selon les besoins de la victime.   

•         Réinsertion socioéconomique : Dans la plaine de la Ruzizi (Kamanyola, Katogota et Luvungi), 500 femmes et filles bénéficient de l’accompagnement technique et l’assistance financière en diverses activités génératrices des revenus (AGR). Ces femmes sont regroupées, avec d’autres membres de la communauté, en 32 mutuelles de solidarités  actuellement opérationnelles. Au cours de cette période, les cotisations  des membres ont  atteint un montant de  14.343.650 FC, soit 8.965 USD dans leurs caisses vertes. Et les crédits octroyés aux membres se sont élevés jusqu’à 7.310.400 FC soit 4.569 USD pour les 29 anciennes MUSO. Les caisses rouges (destinées à l’assistance sociale des membres : deuil, accouchement, maladie, mariage etc) de ces  MUSO ont atteint  612.700 FC soit 383 USD. Ces regroupements sont donc un outil de pérennisation des activités de réinsertion économique en milieux ruraux.

Le grand succès des audiences foraines a été celle de Baraka réalisée en collaboration avec le tribunal de garnison militaire d’Uvira (TGM Uvira) qui s’est clôturée avec la condamnation de plusieurs éléments hauts gradés de l’armée congolaise. Les coupables ont été condamnés, “In solidium » avec l’Etat congolais considéré civilement responsable des actes commis par ses préposés, de payer aux parties civiles des dommages et intérêts. De ce fait, le TGM d’Uvira vient d’initier une procédure de réparation civile aux survivantes, réparation qui serait une grande première pour la justice congolaise. A cet effet, le tribunal de garnison militaire d’Uvira est en contact avec l’auditorat militaire pour obtenir que le tiers de la solde des condamnés soit mensuellement reversé dans une caisse dédiée aux survivants jusqu’à la solde des montants arrêtés comme dommages et intérêts à payer.

De ces bénéficiaires, 218 femmes ont bénéficié d’une subvention en nature à travers l’exploitation de 44 hectares de champs de maïs et 282 autres femmes bénéficiaires ont reçus  de la subvention en espèce. 1000 enfants de ces bénéficiaires dont (494 filles et 506 garçons)
scolarisés, ont reçu les kits scolaires et leurs frais scolaires payés.
  4 élèves ont obtenu leurs diplômes d’Etat
couronnant la fin des études secondaires et 74 élèves ont passé leur Test
national de fin d’Etudes primaires.
  

De ces 500 bénéficiaires de départ, 9 bénéficiaires sur 238 femmes bénéficiaires de Luvungi ont abandonné au mois d’Octobre 2018 pour raison de retournement de 4 déplacées et leurs familles dans leurs villages d’origine et départ de 5 autres familles dans le camps des réfugié dans le territoire de Fizi; ce qui ramène le nombre à ce jour à 491 femmes bénéficiaires et 982 enfants scolarisés à partir de ce deuxième trimestre 2018-2019.

Un exemple typique de succès est celui de papa JEAN CLAUDE,  mari de la bénéficiaire maman SHUKURU DADY de Luvungi, qui témoigne en disant : « En saison A,  nous avions reçus un champ de  3 carrés soit 20 ares,  à la récolte, nous avions obtenu 500 kg de maïs grains, nous avions vendu 400kg à un prix de160$ et 100kg était resté pour la consommation familiale. Pour la saison suivante nous avions produit 450 kg dont 300kg était vendu pour 120$ et 150 kg conservés pour la consommation. De cette production notre ménage à réaliser 280$. De cette somme mon épouse a initié le petit commerce des souliers dames, qu’elle achète au  Burundi et les écoule au Congo. Contrairement  aux années antérieures,  à travers cette subvention reçue du projet,  nous avons amélioré les fréquences de manger par jour, la scolarisation des enfants, la réhabilitation de notre petite maison et par là, la stabilité de notre foyer».

         Plaidoyer et Changement de comportement : Le projet Badilika de la Fondation Panzi a réalisé des ateliers et sensibilisations en faveur des organisations de la société civile et associations féminines, ainsi qu’au sein des écoles secondaires et églises, sur les instruments normatifs de lutte contre les VSBG et la Masculinité positive. Ceci a réuni 3423 personnes (2201femmes contre 1222 hommes)  dont 673 femmes leaders ont été identifiées, 1017 jeunes se sont regroupés dans des clubs de jeunes mentors.

          La cartographie des femmes leaders retenues déjà identifiées pour accompagner les activités de Badilika a été dressée, 93 OSC répertoriées, formées et mises en réseau des acteurs du changement et trois organisations de la société civile de la ville de Bukavu ont bénéficié de l’appui financier du programme triennal pour la vulgarisation de tous ces instruments de changement face à la question de VSBG. Plusieurs personnes participant aux campagnes adoptent des attitudes positives,

          3423 personnes déjà sensibilisées s’engagent à relayer les messages de changement adopter des attitudes positives ;

          250 personnes provenant des diverses OSC sont formées sur la loi électorale et outillées en observation électorale.

Illustration d’un impact institutionnel enregistré :

 En Synergie avec l’association féminine partenaire de Badilika, Dynamique Femme et Enfant (DFE), des actions de plaidoyer ont été menées à l’Assemblée Provinciale et ont abouti au vote d’un EDIT Provincial portant promotion des droits aux soins de santé maternelle et infantile. 

                                                                                                                                                En vertu de l’art 204 point 18 de la constitution du 18 février 2006 telle que modifiée le 20 janvier 2011, l’organisation et la promotion des soins de santé primaires relève de la compétence exclusive des provinces. C’est cette disposition, soubassement constitutionnel, qui a motivé   l’initiative ayant pour objet de contribuer à la réduction de la morbidité et de la mortalité maternelle et infantile dans la province du Sud-Kivu.

Par ailleurs, faut-il souligner que l’art 205 de la constitution souligne expressément que l’Assemblée Nationale et le Sénat  ne peuvent légiférer sur les matières exclusives d’une province, ceci confortant l’association dans sa soif de voir la santé de la Mère et de l’Enfant améliorée. En effet, ladite proposition contient des dispositions claires et limpides sur le contenu de la subvention dont doit bénéficier la femme aussi bien pendant la grossesse qu’après l’accouchement.

L’adoption de l’Edit sur la promotion de la santé maternelle et infantile était le préalable à la mobilisation des moyens financiers et des partenaires bilatéraux et multilatéraux.

« La Dynamique a pu organiser une série de rencontres avec les différentes tendances au sein de l’Assemblée provinciale du Sud-kivu en vue de défendre ce projet d’édit devant les honorables députés provinciaux, de leur exposer les arguments balayant les avis défavorables avancés par  certaines commissions et aboutir à l’adoption unanime de l’édit, un grand succès pour notre organisation. » Mme Georgette KUNZI, Coordinatrice de la Dynamique femme et enfant

Cet Edit voté par l’Assemblée Provinciale en Juin 2018, une fois promulgué par le Gouverneur de Province du Sud – Kivu, sera une grande première en RDC. Il aidera les Noyaux des Femmes mis sur pied par la Fondation PANZI dans toutes les provinces du pays à se l’approprier en initiant des actions de plaidoyer similaires et en élargissant la synergie à d’autres organisations nationales en faveur de la loi portant promotion des droits à la santé maternelle et infantile.

 

BESOINS ET DEFIS

Afin de relever les défis  auxquels nous avons fait face en cours d’exécution et en vue de réduire la stigmatisation des survivants des violences sexuelles, une demande d’avenant au projet en cours a été soumis à la Délégation de l’Union Européenne pour permettre à d’autres femmes vulnérables travaillant dans les mines dans des conditions très précaires ainsi que certains hommes et  adolescents vulnérables de la communauté  seront également intégrés et assistés dans les mêmes conditions, et au moment où nous élaborons le présent rapport, nous venons de recevoir le contrat d’Avenant HUM/2016/375-169 du « Programme intégré d’appui holistique aux survivants des violences sexuelles et femmes souffrant des pathologies gynécologiques à l’hôpital général de référence de Panzi et autres vulnérables » étendant les activités aux zones minières de Mwenga.

En rapport avec les recommandations formulées dans le discours du Docteur Denis MUKWEGE demandant la revisitation du rapport Mapping  produit par les experts des nations unies et la mise en place d’un fonds de réparatio  en faveur des survivants des violences sexuelles, la Fondation Panzi a besoin de  l’appui de l’Unionn Européenne et d’autres partenaires, sur le plan financier mais également technique et moral.