Condamnation de 13 auteurs de viol à Minova

23 Oct
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Condamnation de 13 auteurs de viol à Minova

L’audience foraine organisée à Minova par le Tribunal de Grande Instance de Kavumu a pris fin, le mardi 20 octobre 2020, avec la condamnation de 13 auteurs de violences sexuelles et l’acquittement de 3 autres prévenus.

Ces jugements ont été prononcés devant une population de Minova assoiffée de savoir quelle décision prendrait la justice, contre ces fils du terroir incriminés pour viols. En effet, la plupart des prévenus sont originaires de la cité de Minova et ses périphéries.

Parmi les 13  cas de condamnations, on note un homme âgé d’une vingtaine d’années, condamné à 7 ans de servitude pénale pour avoir violé, par voie anale, trois jeunes garçons dont l’âge varie entre 8 et 15 ans. Cet acte vient malheureusement illustrer le niveau de barbarie qu’a atteint notre société.

En outre, un homme de 45 ans a été reconnu coupable de violences sexuelles à l’égard d’une fillette de 5 ans et a écopé de 10 années d’emprisonnement, une peine alourdie par l’indemnisation de la famille de la victime. Si l’on en croit le contexte des faits, cet incivique a pu commettre le forfait alors qu’il venait dans la maison de la victime pour se payer du vin local, du genre Kargazok.

Ayant profité de la baisse de vigilance de la mère de l’enfant, qui était parti lui apporter du vin, l’homme a pu immobiliser l’enfant, pour réaliser son forfait, avant d’être surpris en flagrant délit par la mère, alertée par les cris de détresse de sa fille.

Avant des probables recours, au second degré, il sied de noter que les peines à purger par les 13 condamnées varient entre 3 et 10 ans de prison, selon que le juge a apprécié la gravité de chaque fait.

Par ailleurs, il faut noter que seuls 16 détenus ont comparu à l’audience foraine de Minova, alors qu’une vingtaine y était attendue. Selon le Ministère public, cette disparité est due au fait que certains détenus, incarcérés dans des structures pénitentiaires difficiles d’accès, n’ont pas pu être extraits. Néanmoins, ceux-ci verront leurs dossiers traités au cours des audiences ordinaires.

Une bonne action de justice et une action répressive

Au vu du contexte socioculturel du milieu, la foraine de Minova aura servi de leçon dans une zone où des cas de violences sexuelles sont enregistrés quotidiennement.

Dans son allocution au terme de l’audience, Me Aline Biruru Bintu, conseil des prévenus, a loué l’organisation de cet exercice judiciaire spécial, saluant l’implication de la Fondation Panzi, aux côtés des juridictions.

Toutefois, Me Bintu a suggéré à la Fondation Panzi de renforcer des séances de sensibilisation au droit, à travers ses cliniques juridiques, surtout celles situées à Minova,  afin de prévenir au maximum la commission de ces genres d’actes dans la communauté.

« C’est encore un grand travail que les cliniques juridiques appuyées par Panzi doivent faire ici sur le terrain, celui de sensibiliser.  Il ne faut pas attendre que la population tombe sous le coup de la loi, pour être jugée, mais il faut aussi que la population soit avertie », a-t-elle insisté.

Cet exercice s’est avéré satisfaisant tant pour le parquet que pour le Tribunal de Grande Instance de Kavumu. Ainsi, au terme de l’audience de prononcé des verdicts, le président du Tribunal a mis une bonne dizaine de minute à expliquer au public, le danger encouru par tout citoyen qui s’évertuerait à commettre le viol, tant à l’égard de l’homme qu’à  l’égard de la femme, quel que soit son âge.

« Nous espérons que les activités menées ici auront servi de leçon à la population pour comprendre le sérieux qu’il y a en cette matière [de violences sexuelles] », a estimé Chadrack Mwenyimali Balemba, Président ad intérim du Tribunal de Grande Instance de Kavumu.

De son côté, le Premier substitut du procureur de la République du parquet près le Tribunal de Grande Instance de Kavumu a condamné les actes de viol, devenus monnaie courante dans la contrée. Ses propos en disent long : « l’infraction de viol devient un fléau, qui ronge notre société. Ainsi, celui qui va tomber sous ce coup-là, il subira la rigueur de la loi ».

Notons que cette audience, appuyée par la Fondation Panzi, grâce au financement de la Banque Mondiale, à travers le Fonds Social de la RDC, s’inscrit dans la ligne droite des actions menées pour mettre fin à l’impunité des crimes de violences sexuelles.

Au courant de ce dernier semestre de l’année 2020, cette audience est la troisième à être tenue [après celles de Luvungi et Baraka]. En vue de poursuivre cette campagne de répression des actes de viol, bien d’autres audiences en chambres foraines devront être tenues, dans divers coins de la province du Sud-Kivu, tels que Mwenga, Uvira et Idjwi.

Rappelons qu’en ce moment, le Tribunal de Grande Instance de Bukavu instruit le dossier opposant le ministère public et des parties civiles, constituées, à un homme accusé d’avoir violé à plusieurs reprises 14 petits garçons. Ceci insinue que le viol, qui n’était jusque-là commis qu’à l’égard des petites filles, affecte désormais même des petits garçons.

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