LES ENFANTS ISSUS DU VIOL MÉRITERAIENT UNE ATTENTION PARTICULIÈRE

14 Mai
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LES ENFANTS ISSUS DU VIOL MÉRITERAIENT UNE ATTENTION PARTICULIÈRE

La prise en charge des enfants issus du viol est une question qui devraitpréoccuper l’Etat congolais et les animateurs de différentes institutions nationales. Au terme de son intervention dans l’atelier de recyclage destiné aux prestataires de santé qu’organisait la Fondation Panzi du 7 au 9 mai 2019, le coordinateur provincial du programme national de la santé de la reproduction, a fustigé l’état de la gouvernance en RDC, tout en appréciant les efforts que fournissent certaines organisations de défense des droits humains, comme la Fondation Panzi.

Le mal que vit le peuple congolais, depuis l’avènement de la guerre et la recrudescence de la criminalité à l’Est du pays, est tellement profond que tout le monde devait mettre la main à la pâte pour arriver à l’éradiquer. Le souci d’endiguer ce fléau devrait animer toute personne encore éprise d’humanisme et sensible à la douleur de son prochain. A l’instar du professeur Mukwege, le patron de la santé sexuelle au Sud-Kivu a dénoncé l’inaction de l’appareil étatique face à cette gangrène.

« Dans un pays où la gouvernance n’est pas bonne, il ne faut pas attendre que la santé soit excellente. Il y a beaucoup d’aspects de la santé qui vont de pair avec d’autres aspects de gouvernance et de développement », a reconnu Docteur Robert Nyamugaragaza BuginNikita, coordinateur provincial du Programme National de la Santé de la Reproduction.

Selon Dr Nyamugaragaza, ce problème tire ses racines de la mauvaise gestion et de l’insécurité. La persistance des conflits armés est, selon lui, un sujet crucial et qui affecte le système sanitaire dont il est l’un de principaux animateurs en Province. Ceci étant, Dr Nyamugaragaza suggère la mise en place d’une politique holistique mettant chaque département devant ses responsabilités afin de mener à bien la politique de prise en charge des enfants issus du viol, et qui sont sans appartenance paternelle.

« La gestion des conflits armés n’est pas un domaine de la compétence du Ministère de la Santé mais ces conflits occasionnent des crises qui impactent le Ministère de la Santé.  Par conséquent, lorsqu’on parle des enfants issus des viols et autres agressions sexuelles c’est non seulement ces enfants mais de tous les laissez –pour- compte, de manière générale. C’est donc toute une politique des affaires sociales qu’il faut repenser »,a-t-il souligné.

Si dans son allocution, Dr Nyamugaraga met en exergue le système continuel d’alerte du Ministère de la Santé sur le devenir de ces enfants, il insiste sur le rôle d’autres services de l’Etat. C’est notamment le Ministère des affaires sociales [qui en porte la responsabilité numéro 1], le Ministère du Plan et celui de l’Education.

« La prise en charge des enfants issus des viols devait être multisectorielle en commençant par le Ministère du Plan, qui devait planifier en termes de la démographie et en termes des cas incidents.Mais en dehors de cela aussi, il devrait y avoir le Ministère de l’Education qui devait voir comment éduquer et comment prendre en charge ces enfants, [bien sûr] sous le lead du ministère des affaires sociales puisque les faits sociaux restent totaux et globaux », a préconisé le coordinateur provincial de la santé sexuel.

En date du 23 avril 2019, grâce au plaidoyer du Professeur Denis Mukwege, le Conseil de Sécurité des Nations Unies a voté la résolution2467 qui revient notamment sur le statut des enfants issus du viol en période de conflits armés, la création du Fonds Mondial de réparationdes victimes des viols et le renforcement de la lutte contre l’impunité.

Pour les enfants issus du viol et leurs mères, la 2467 a mentionné la nécessité de l’implication des autorités politiques et sociales, des Etats membres, pour assurer leur intégration dans la société.

Au cours des assises du 23 avril 2019, le professeur Denis Mukwege a fort appuyé cette résolution, proposée par la République allemande, car mettant « une emphase particulière sur le besoin de reconnaissance du statut des enfants nés du viol » et surtout parce qu’il envisage « la nécessité d’appliquer des sanctions, de rendre la justice et d’exiger la redevabilité et des fournir des réparations ».

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