PAROLE AU MOUVEMENT DES SURVIVANTES, Mme TATIANA MUKANIRE S’EXPRIME

10 Juil
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PAROLE AU MOUVEMENT DES SURVIVANTES, Mme TATIANA MUKANIRE S’EXPRIME

Du Mouvement des survivantes

En juin 2017, nous avons créé  le mouvement des Survivantes avec l’appui et le soutien du Dr Denis Mukwege, Prix Nobel de la Paix. Je suis parmi les coordinatrices du mouvement mondial des survivantes qu’on appelle « Sema » Sema qui veut dire s’exprimer en swahili et ce mouvement est venu montrer que ce n’est pas seulement au Congo qu’il y a des violences sexuelles mais c’est partout au monde et que si toutes les survivantes à travers le monde se mettent ensemble, elles vont changer ce monde.

C’est ainsi que nous avons créé le mouvement « Sema », le réseau mondial des survivantes avec le soutien et l’appui de la Fondation Denis Mukwege pour porter la voix de toutes les survivantes de par le monde en passant par la Corée du Sud, l’Irak et la RDC.

De passage à Kananga

J’ai trouvé que les femmes de Kananga, les femmes kasaïennes étaient vraiment déterminées pour que ce qu’on appelle coutumes discriminatoires au Kasaï puisse cesser. Elles ont parlé haut et fort pour qu’elles puissent lutter contre cette stigmatisation dans la lutte contre les violences sexuelles.

Et à partir de ce mois de juin, nous avons implanté le mouvement des survivantes au Kasaï qui a fait sa première réunion cette semaine et c’était quelque chose d’encourageant mais quelque chose qui m’a déçue est qu’il y a eu pas mal de viols massifs au Kasaï mais personne n’en parle, personne ne veut donner de l’âme à ces femmes-là  qui ont souffert pendant longtemps et qui ne savent pas parler vu que leurs familles elles-mêmes les traitent de sorcières parce qu’on se demande pourquoi elle a été violée. Pourquoi pas quelqu’un d’autre de sa famille? Et on se dit qu’elle est sorcière parce qu’elle a été violée! Elle est chassée, elle est bannie par sa propre famille.

Appel à mobilisation

Nous sommes là, nous sommes un mouvement. En tant que survivante nous l’avons vécu dans notre chair, dans notre peau et nous savons de quoi nous avons besoin et c’est important que toutes ces organisations puissent se rallier à notre lutte et  qu’elles puissent nous aider à implanter ce mouvement qui est déjà au Kasaï central, en Ituri, au Nord-Kivu et au Sud-Kivu ; à l’implanter partout dans notre pays pour qu’ensemble nous puissions lutter contre ce fléau.

Quid du viol?

Que ça soit en temps de guerre ou en temps de paix, le viol est un viol. Et comme je le dis souvent, le viol est la manière la plus humiliante de tuer quelqu’un. En fait, qu’on donne des millions des dollars à quelqu’un ça ne change pas ce qu’il a perdu, ça ne change pas son honneur, ça ne change pas sa personnalité. Elle est là, elle deviendra survivante peu importe les moyens.

Je lance un appel à la population congolaise et à nos politiques, il faudrait qu’ils comprennent que quand on a été violée, peu importe qui t’a violé peu importe la manière dont tu as été violée,  c’est un viol ; et c’est de cette manière que par de petits viols comme on le dit, si on arrive  à punir le petit viol, on arrivera à punir le viol de masse parce que c’est un exemple qu’ils doivent montrer, à toute personne, à toute la population congolaise surtout à la jeunesse aujourd’hui qui ne doit pas se permettre de violer une fille parce qu’ une fille c’est quelque chose de sacré, c’est une mère de demain.

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