PROCÈS KOKO-DI-KOKO: LE COMPTE À REBOURS A COMMENCÉ… 

6 Nov
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PROCÈS KOKO-DI-KOKO: LE COMPTE À REBOURS A COMMENCÉ… 

Le procès du seigneur de guerre Masudi Alimasi Frédéric alias Koko-di-koko est sur le point d’arriver à terme. Ce vendredi 1 novembre 2019, le Tribunal Militaire de Garnison de Bukavu a clôturé l’instruction par la plaidoirie de différentes parties au procès, et le dossier est dès lors pris en délibéré en attendant le prononcé du jugement qui aura lieu le 12 novembre prochain.

L’instruction du dossier Masudi Alimasi aura duré un bon nombre de mois, et connu plusieurs rebondissements dans le sens de donner la parole à différentes victimes des atrocités commises par les groupes Mayi-mayi dans les territoires de Mwenga et de Shabunda. On compte plus de 200 victimes qui ont pris délibérément l’option de se constituer parties civiles afin d’exiger que justice soit faite à l’égard de leurs bourreaux, ainsi que l’Etat congolais dont la responsabilité se traduit par son incapacité à garantir la sécurité aux citoyens.

Après deux expéditions en audiences foraines, à Kitutu comme à Kigulube, le Tribunal Militaire de Garnison de Bukavu s’est dit édifié par les dépositions de différentes parties civiles. Au retour de Kigulube, les conseils des trois parties opposées (d’une part les parties civiles, de l’autre l’Etat congolais et les parties prévenues) ont présenté leurs moyens de défense à travers leurs plaidoiries.

Les parties civiles exigent la réparation

La cause des parties civiles a été plaidée par des avocats de la clinique juridique de la Fondation Panzi, conjointement avec d’autres avocats apprêtés par des organisations partenaires membres de la Task-Force Juste Internationale. Pour les parties civiles, les prévenus et l’Etat congolais doivent réparer les préjudices causés aux victimes de différentes exactions.

Pour les cas des pillages, les conseils des parties civiles ont exigé la restitution des biens pillés ainsi que le paiement d’un montant évalué à 5 000 dollars américains, pour chaque victime, en guise de dommages et intérêts. Quant aux victimes de viols, le collectif qui défend les intérêts des victimes réclame une somme de 20 000 dollars américains, équivalent en francs congolais, pour chaque personne abusée, et 30 000 dollars pour chaque victime d’esclavage sexuel. Pour le crime par torture, par disparition forcée et par emprisonnement, les avocats des parties civiles ont réclamé respectivement 20 000, 40 000 et 10 000 dollars américains pour chaque victime.

Pour ce qui est des victimes des meurtres, le collectif des conseils des parties civiles a trouvé raisonnable d’exiger aux prévenus, et au civilement responsable, le paiement d’une somme de 5 000 dollars de manière symbolique.

L’organe de la loi et la perpétuité pour Koko-di-Koko et consorts

Pour sa part, le ministère public a mis en évidence les différents faits infractionnels mis à charge de différents prévenus.

Dans son réquisitoire, l’organe de la loi a plaidé pour la libération sans condition des prévenus Mukulukilwa Mubake et Shabani Muganza, faute de moyens de preuves à leur charge. Par contre, à l’égard de Masudi Alimasi Frédéric alias Koko-di-Koko, Samitamba Mekese alias Kaburiwazi ainsi que Mwilo Katindi Clovis, tous ayant été cités par les parties-civiles (victimes-témoins), le ministère public a requis la prison à perpétuité.

Cependant, il s’est avéré étonnant d’observer que nulle part, dans son exposé, le ministère public n’est revenu sur la responsabilité directe ou indirecte de l’Etat congolais. Cette omission, imputable à l’omission, a interpellé le tribunal, qui est allé jusqu’à suggérer à l’organe de la loi d’y faire mention dans le document qui sera communiqué à la composition.

La défense des prévenus n’a retenu que la participation à une rébellion

Pour les conseils des parties prévenues, l’instruction du dossier n’a pas pu prêter à des lourdes charges à l’égard des leurs clients. A en croire le collectif des avocats de Koko-di-Koko et compagnie, Masudi Alimasi, avec ses deux consorts (Samitamba Mekese Raphaël et MwiloKatindi Clovis) ne pourraient être jugés que pour participation à un mouvement insurrectionnel et pour pillage. A cet effet, le collectif a imploré des larges circonstances atténuantes pour les trois, et la libération pure et simple de deux prévenus dont les éléments de preuve n’ont pas été réunis.

Toutes les parties ayant présenté chacune ses moyens de défense, le dossier a été pris en délibéré. Selon le calendrier, donné par le Président du Tribunal Militaire de Garnison, lors de la clôture de l’instruction, chaque prévenu sera fixé sur son sort en date du 12 novembre 2019.

En cas de condamnation de Koko-di-Koko et ses compagnons, la nouvelle pourra sceller une période d’accompagnement des victimes par la Fondation Panzi. Rappelons que c’est depuis le mois de février 2018, alors que venaient d’avoir lieu les affres de Kabikokole, que la Fondation Panzi est engagée pour l’accompagnement de survivantes dans le recouvrement de leur droit, et la réparation des préjudices leur causés.

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