UNE NUIT DE CAUCHEMAR A KALONGE

2 Août
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UNE NUIT DE CAUCHEMAR A KALONGE

Un récit de Dr Nadine KABEZA :

« Ma dernière sortie c’était à Kalonge en date du 15 juillet 2019 où nous avons passé 10 jours c’est-à-dire du 15 au 25 juillet 2019. Nous sommes arrivés à Kalonge vers 15 heures et nous nous sommes installés à Cifunzi qui est le village-centre du village de kalonge. A Cifunzi se trouve l’hôpital général de référence de Kalonge.

C’est là même qu’est logée la FARDC, l’armée nationale. Nous nous sommes dit que c’est là qu’il y a la sécurité et que c’est là que nous nous devrions loger. Nous habitions juste dans un guest house juste à quelques mètres du camp de la FARDC. Arrivé à Kalonge vers 15 heures et ayant passé la nuit, nous avons entendu très proche de nous des coups de balles de 22 à 23 heures et c’était à côté de FARDC.

Nous avons passé cette nuit comme ça et vers 23 heure, c’était terminé ; très tôt le matin nous nous sommes réveillés dans l’inquiétude, dans la peur et nous nous sommes demandé si nous allions travailler ou pas. Mais nous nous sommes encouragés mutuellement et on est parti.

C’est ainsi qu’au petit matin, le gérant de l’hôtel nous raconte l’histoire que la FARDC était parti chez l’une des autorités des rebelles Raiyamutomboki. Là, ils ont pris quelques faits personnels de cette autorité. C’est comme ça qu’à 22 heures, les Raiyamutomboki étaient venus riposter et les affrontements ont commencé. La nuit même vers 23 heures, le gérant de l’hôtel accompagné de sa famille est venu nous toquer et la sentinelle a ouvert car ils fuyaient. Comme le gérant loge tout juste à côté du camp de la FARDC ;  C’est ainsi qu’il a fui pour venir se cacher dans notre hôtel. Et le matin c’était déjà calme. Nous étions obligés de travailler et nous nous sommes dirigés au centre et dans l’ aire de santé de Cigiri où nous avons soigné des malades.

Après dix jours passés à Kalonge, nous sommes parvenus à soigner 422 malades dont 65 hommes et 357 femmes. Nous avons reçu 41 cas des survivantes des violences sexuelles des anciens cas, 41 femmes, 1 homme et 1 cas de moins de soixante-douze heures qui était une femme agressée sexuellement par 3 rebelles de RaiyaMutomboki.

Donc quand ces rebelles sont quitté Cifunzi, en rentrant là où ils vivaient, ils ont passé par Nyakesa où ils ont agressé cette dame-là. Nous avons aussi reçu 58 cas de prolapsus dont 21 transférés, 10 cas de stérilité, 10 cas des MST, 228 d’infection non génitale, une femme de fistule non vaginale et une femme de fistule vésico-vaginale que nous avons amené ici chez nous à l’hôpital de Panzi pour une chirurgie adéquate.

Nous avons passé 10 jours à Kalonge. C’était vraiment inquiétant, ce n’était pas vraiment facile.

Je me rappelle même la nuit du 21 juillet qui était un dimanche où il y a eu des messages, des rumeurs au point même que la FARDC a demandé à leurs épouses de se déplacer et de ne pas passer la nuit à Cifunzi mais nous nous avons passé la nuit à l’hôtel car ce n’était pas facile ; la sécurité était volatile, les gens souffraient, les femmes ont été violées et d’autres ont eu peur de venir raconter leur situation.

Quelle perception, les rebelles ont-il de l’hôpital de Panzi et de la Fondation ?

Les rebelles racontent toujours que même s’ils font des bêtises, l’hôpital de Panzi du docteur Mukwege a déjà aidé leurs femmes. Ils se disent que comme nous venons de Panzi, c’est pour soigner leurs mamans, leurs femmes, leurs sœurs. C’est pourquoi ils ont un peu de respect  pour nous. De la même manière pour les FARDC qui manifestent du respect à l’égard du personnel de Panzi. Sur le chemin de retour, on nous racontait des histoires que dans le Parc de fois, il y a des coupeurs de routes, de fois il y a des rebelles qui attaquent des gens là-bas. Mais quand nous passions, nous avons rencontré des militaires, ils nous ont juste salué. Ils ne nous ont pas arrêtés. Parce que les gens disent que parfois ces mêmes militaires escroquent les passagers. Mais pour nous vraiment c’était  bien »

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