Dr Mukwege a pris part aux ateliers « Dialoguer entre ennemis »

Homme épris de justice et de paix, le Dr Denis Mukwege n’a pas manqué au colloque international sur le thème « Dialoguer entre ennemis ». Organisé par le parlement européen, ce colloque ambitionne de trouver des pistes de solutions à divers foyers de crise à travers le monde, dont la République Démocratique du Congo.

Au sein de cette table ronde, Dr Mukwege a eu le privilège de partager les expériences de Luc Henkinbrant et de Roger Koudé, tous deux spécialistes dans les questions de justice transitionnelle.

Le mercredi 26 mai, le professeur Mukwege a dû quitter la salle d’opération pour s’exprimer sur la nécessité démocratique et la géopolitique de la justice transitionnelle en Afrique centrale et de l’Ouest.
Pour l’orateur du jour, « ces deux axes sont intimement liés et retiennent notre attention, car il s’agit des grands combats de tous les défenseurs des droits humains. Ils constituent également des conditions sine qua non à l’instauration d’une paix durable, qui est l’aspiration la plus importante de la population congolaise qui n’attend qu’à tourner l’une des pages les plus sombres et tragiques de notre histoire marquée par la corruption, l’autoritarisme, les conflits à répétition et l’impunité depuis une trentaine d’années ».

Citant la première phrase de l’exposé des motifs de la Constitution de 2006, Dr Mukwege fait remarquer que quinze ans après l’adoption de cette Constitution à laquelle est attachée la population congolaise, car elle est le fruit d’un référendum populaire qui a été l’un des actes démocratiques contemporains les plus mobilisateurs et les plus importants de la Nation congolaise, la crise de légitimité reste malheureusement toujours d’actualité.

Référence au « Rapport Mapping » des Nations-Unies

Dr Mukwege montre que l’instabilité politique et institutionnelle continue de caractériser le quotidien des Congolais et qu’il y a donc une véritable nécessité démocratique en RDC car à chaque pic d’instabilité politique et institutionnelle correspond une dégradation de la situation sécuritaire et un pic dans le nombre de femmes victimes de violences sexuelles que Panzi reçoit.

Dans son allocution, le Dr Mukwege a recommandé au parlement européen de prioriser la lutte contre l’impunité et d’élaborer sans tarder une stratégie holistique de justice transitionnelle pour la RDC afin de rendre justice aux victimes et contribuer à prévenir de nouvelles violations graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire.

Parmi les différentes initiatives visant à mettre fin à l’impunité, la plus élaborée reste le projet du Rapport Mapping sur les graves violations des droits humains et du droit international humanitaires commises entre 1993 et 2003, publié il y a 10 ans par le Haut-commissariat des Nations Unies pour les Droits de l’Homme.

Par ailleurs, le système pénal congolais n’ayant pas la capacité de rendre justice pour les innombrables victimes des crimes de masse en RDC, le prix Nobel soutient pleinement les termes de la résolution du 16 septembre du Parlement européen qui appelle à la création d’un Tribunal Pénal International pour la RDC et à l’installation de chambres spécialisées mixtes pour rendre une justice indépendante et impartiale, à l’abri des interférences politiques qui ont trop souvent caractérisé la justice congolaise.