LE PRIX NOBEL DE LA PAIX PRODIGUE DES CONSEILS AUX ENFANTS DE LA D-FE

25 Août
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LE PRIX NOBEL DE LA PAIX PRODIGUE DES CONSEILS AUX ENFANTS DE LA D-FE

Une trentaine d’enfants de l’association dynamique Femmes et Enfants (D-FE), œuvrant pour l’encadrement des enfants pendant les vacances dans le cadre du projet « mes rêves d’enfant », a été reçue par le prix Nobel de la Paix 2018, Dr Denis Mukwege le samedi 10 août 2019. Ces jeunes ont pu profiter du temps leur accordé pour puiser de la sagesse auprès du Prix Nobel de la Paix et convertir ainsi leurs rêves en réalité. La rencontre avec ces enfants dont l’âge varie entre 4 et 19 ans a eu lieu au cabinet de travail du professeur Denis Mukwege.

L’entretien entre le Prix Nobel de la Paix et les enfants de la D-FE a malheureusement était perturbée. Alors que la partie n’était qu’à sa phase introductive, une alerte a retenti à l’oreille de Dr Mukwege : la vie d’une patiente était en danger. Du coup, « l’homme qui répare les femmes » a abandonné ses hôtes pour aller honorer son serment. Pendant plus de ¾ d’heures, la séance a été animée par Roger Buhendwa du Projet Badilika, en attendant le retour du héros.

Une fois le danger écarté, le professeur Mukwege est rentré dans la salle de réunion pour la suite de l’entretien, sous les applaudissements de ses interlocuteurs, qui l’ont félicité d’avoir privilégié la vie d’une mère avanttoute autre activité.

Ce geste a été pour ces jeunes ambitieux une occasion de poser des questions sans tabou. La plupart des questions posées ont porté sur le secret de la réussite et de l’accomplissement de ses rêves. Répondant à unejeune fille, qui voulait savoir ce que l’octroi du Prix Nobel a modifié dans le vécu quotidien de son bénéficiaire, le professeur Mukwege a tenu à préciser que cela ne l’a changé en rien, tant dans son métier que dans sa personnalité.

Dr Denis Mukwege s’est inspiré de l’exercice auquel il venait de se soumettre pour interpeller les jeunes à demeurer humble et serviable, en dépit du statut qu’ils pourraient éventuellement avoir.

« Vous avez vu comment j’ai couru quand on m’a appelé ? Le Prix Nobel ne doit pas vous faire changer de métier. Moi je reste médecin, gynécologue obstétricien  et quand on m’appelle pour une femme qui a besoin de moi pour un accouchement, je ne peux pas dire « je suis Prix Nobel  je ne veux pas aller l’aider ». Le prix Nobel c’est une identification  mais il faut toujours rester humble et rester serviteur. Quand vous serez une grande dame, prix Nobel ou première dame, restez toujours auprès de vos malades », a – t – il conseillé à la jeune fille, qui a aussi le rêve de devenir un jour médecin.

Du jeu de questions-réponses, entre le professeur Mukwege, il est ressorti un tas de conseils aux jeunes pour un avenir meilleur, et pour bien servir leur communauté.

En référence à sa propre vie, et à ses propres rêves d’enfance [qui ont fini par se réaliser], le Prix Nobel de la Paix a appelé les enfants à la bravoure et à développer des valeurs morales positives, telles que l’intégrité, la vérité et l’honnêteté. Il répondait à une jeune fille qui ambitionne la vie de grande styliste.

« J’ai eu mon rêve quand j’avais 8ans. Et pour le réaliser,  j’ai été tenace. Je me suis toujours dit que je ne devais pas lâcher et j’ai poursuivi mon rêve. Ce que je vous conseille, c’est d’être tenace dans ce que vous voulez faire. Si vous vous découragez en cours de route, puisque vous trouvez des obstacles, vous ne pouvez jamais devenir une grande styliste. Vous devez être tenace dans votre rêve quelles que soient les difficultés. Vous devez marcher dans l’intégrité, la vérité et l’honnêteté ; puisque lorsque vous marchez dans la vérité, même si vous trouvez des obstacles, vous allez triompher car on ne tue jamais la vérité. Lorsque vous êtes intègre, les gens peuvent vous attaquer  mais ils n’auront jamais raison sur vous. C’est une façon de pouvoir tenir  jusqu’au bout de ce que vous voulez faire », a révélé le professeur à ses hôtes du jour.

Parmi les visiteurs, le Docteur a été émerveillé par une jeune élève de 5èmeprimaire au collège Alfajiri. Elle s’appelle Burungani, elle rêve devenir gynécologue et gagner le Prix Nobel de la Paix ! Comparativement à son rêve, qui était de devenir pédiatre pour soigner les enfants avant de migrer vers la gynécologie qui sauve en même temps le bébé et sa maman, le professeur a trouvé la jeune collégienne tellement ambitieuse qu’il n’a pu que lui souhaiter d’être courageuse pour l’accomplissement de son rêve.

« Là l’objectif est très haut, puisque moi  je rêvais d’abord être pédiatre, et comme je soignais les enfants, j’ai vu que les femmes mourraient  même avant de donner les enfants. C’est comme ça que j’ai décidé de devenir gynécologue obstétricien pour sauver  les femmes et les enfants ;  et je n’avais jamais pensé être prix Nobel. Donc pour vous, c’est très haut. Je vous souhaite bon courage et bonne chance dans votre travail ! »

Par ailleurs, le professeur Denis Mukwege a tenu à réveillé la fibre patriotique dans le cœur de ses jeunes invités. Il les a invités à lutter pour que la guerre cesse, que la problématique de violences sexuelles soit complètement mise de côté, et que la République Démocratique devienne un pays prospère où les citoyens vivent heureux grâce aux richesses naturelles dont il regorge.

« Le nom du Congo peut devenir le Congo du diamant et de l’or. Mais aujourd’hui, nous sommes la capitale du viol. Quand je vous parle là, il y a des femmes qui sont enlevées dans les champs de la plaine de la Ruzizi et qu’on a amenées dans la forêt pour le violer », a – t – il dit, regrettant le sort qu’a eu ce grand pays considéré comme un paradis où l’on vit l’enfer.

« Nous sommes le pays le plus riche potentiellement  mais nous avons la population la plus pauvre et tout le monde l’accepte. On peut seulement changer ce pays en travaillant, en se mettant debout  et en refusant d’accepter ce qui est inacceptable », a – t – il dit.

Dans ses propos, le Prix Nobel de la Paix a également interpellé les enfants et les jeunes, venus lui rendre visite, à accompagner sa lutte contre le viol car ce fléau n’épargne personne. Il les a sensibilisés à lutter contre la banalisation de la question de viol, considérée par certains habitants de Bukavu, et même certains hommes politiques, comme « une affaire de Mukwege ».

« Quand je vous parle , vous allez trouver les femmes de Nindja, deKalonge, de Kalehe […] ici à l’hôpital de Panzi avec des blessures inimaginables. Mais est – ce que les gens de Bukavu se soucient de ça ? Ils disent : « Ni banamuke ya Mukwege »  [ce sont les femmes de Mukwege] et ça c’est une honte pour  la communauté, et toute notre nation. Unehonte des hommes de ce pays. Il ne faut pas attendre que ta sœur soit voilée, ta femme, ta mère non plus, pour que tu réalises à quel point c’est grave ». C’est en ces termes que le défenseur des Droits de la femme a eu à conscientiser ces jeunes âmes venues lui rendre visite.

En juillet 2010, alors qu’il était en mission au Sud-Kivu, l’ancien Président de la République Joseph Kabila était passé à l’Hôpital de Panzi, mais il n’avait pas rendu visite aux survivantes de violences sexuelles qui y sont prises en charge. Il avait même ouvertement révélé au Professeur Denis Mukwege qu’il n’avait aucune intention de voir « Banamuke yako » [tes femmes]. Ceci fut perçu comme une banalisation du sort de ces compatriotes, victimes inoffensives des atrocités liées aux interminables conflits armés qu’a connus le pays, par une haute autorité étatique, de surcroit le chef de l’Etat.

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